Mobilisation des connaissances en micropaléontologie, en dendrochronologie, en climat historique et en savoirs locaux

Bien que l’Arctique soit globalement l’une des régions les plus vulnérables aux changements du climat, les communautés éloignées et dispersées et les frais de déplacement élevés limitent souvent cet important échange entre les scientifiques, les comités décisionnels locaux et les résidents concernés.
Plusieurs des projets menés par des membres du Geotop explorent les variations du climat du passé et du présent en milieu arctique et subarctique avec une attention particulière pour les interactions entre les milieux terrestres et marins et leur relation avec la productivité biologique et les conditions environnementales (sous-axe dynamique du climat Quaternaire). Certains chercheurs.euses utilisent les carottes sédimentaires et leurs compositions chimique et minéralogique (Jean-Carlos Montero-Serrano, UQAR-ISMER), les microfossiles accumulés dans le sédiment (Anne de Vernal, UQAM) et l’étude des cernes d’arbres (Étienne Boucher, UQAM) comme traceurs naturels des climats passés. Un autre type d’enregistrement climatique provient des archives historiques, sous forme écrite et orale. Couramment, on se réfère aux récits et journaux des missionnaires et des explorateurs, mais les archives incluent aussi les récits de vie, les histoires, les légendes et la littérature de fiction. Ces dernières permettent de véhiculer des perceptions climatiques.

Les enjeux abordés à travers ces projets entourant la dynamique environnementale des systèmes et les effets des changements climatiques sur la variabilité du milieu et la perception de ces changements, sont pertinents pour les communautés nordiques. Toutefois, les résultats sont généralement exclusivement publiés dans des revues scientifiques et rarement rendus directement accessibles aux communautés. De plus, certains travaux de recherche s’effectuent loin des centres urbains et les travaux de terrain associés ne permettent pas toujours des arrêts prolongés dans les communautés. Cela est regrettable puisque les régions d’étude sont parfois à l’intérieur de territoires autochtones significatifs pour les activités culturelles ou de subsistance des communautés nordiques locales, dans les régions côtières par exemple.

Nous proposons un outil simple qui permettra d’établir des contacts avec les communautés en organisant des visites et ateliers pour les sensibiliser à l’étude du climat historique, à l’acquisition des données et à l’importance de cette branche du domaine de recherche climatique. Ces ateliers seront formés d’une partie pratique, avec des échantillons accessibles pour l’observation et le toucher telles que des carottes de sédiments et d’arbres et des activités aux binoculaires avec des microfossiles. Il s’en suivrait une introduction plus théorique sur l’interprétation possible de ces données et leur association écologique par une présentation power point. Des capsules vidéo montrant différentes étapes de l’acquisition de données, des travaux de terrain au laboratoire, sont également prévues pour la deuxième année du projet. L’utilisation d’archives historiques dans le cadre de l’atelier permettrait aussi d’ouvrir la discussion avec les communautés sur leur propre perception des changements climatiques, elles peuvent donner lieu à des échanges bilatéraux sur la perception du climat. Les chercheurs.euses ont aussi beaucoup à apprendre des communautés qu’ils et elles visitent. Au cours de l’atelier, quelques extraits d’archives seront présentés afin d’entamer une activité de discussion. Les extraits pourront être choisis spécifiquement pour la région d’étude. Des extraits d’archives du Nunatsiavut et de la région d’Aklavik pourront servir d’exemple (ex. Ouellet-Bernier et al., in prep.).

Le produit final incluant le guide réponse, la présentation power point, un guide annexe explicatif, les extraits d’archives, les éléments de discussion et la vidéo pourra être utilisé comme trousse pratique par tous et toutes les chercheurs.euses du Geotop travaillant dans le domaine, afin de faire une introduction récréative et éducative du climat historique et des recherches faites au Geotop pour un public de tous âges dans les communautés visitées.

Non seulement cette trousse sera accessible à tous et toutes, mais ce projet sera diffusé sous différentes formes notamment durant les conférences (ArcticNet, Acfas et les journées nordiques de l’INQ et Portail nordique) à titre d’exemple d’activités de mobilisation des connaissances avec les communautés nordiques. Également, une publication sera préparée avec l’objectif de partager notre expérience et motiver d’autres groupes de chercheurs.euses à prendre exemple sur les initiatives prises au Geotop pour améliorer les échanges entre le public et les scientifiques.